Auteurs Livres Actualités Presse Librairies Contact Commander Liens

Vous êtes ici :
livres Isabelle Coste David Orbach A la poésie de l'architecture



L'argument

Amis lecteurs prenez garde! Ce livre-manifeste traite de la poésie dans l'architecture. La poésie quelle horreur. Dès que l'on aborde la question, le ricanement issu du fond de nos cours de récréation remonte bientôt : "amis poètes, bonjour" Tout est dit. Et pourtant quelque chose vient de vraiment changer : c'est ce que nous vous invitons à découvrir. Il nous faut pour cela quitter le clapotis de nos habituelles conversations de mouettes rieuses, fermer nos oreilles comme des écoutilles et nous enfoncer pour une fois dans la profondeur des choses. Attention, tout y est plus beau mais il y fait froid et noir. Il va falloir s'habituer à regarder autrement que par les yeux.
Êtes-vous d'accord?
Plongeons.

Préface de Jean-Noël Cordier, Vice-président de la Société des Poètes Français.

L'extrait

Et la couleur ?
Pour nous qui n'avons jamais fait un trait pour dessiner mais parce que nous avions quelque chose à dire, la couleur en architecture, comme celle du peintre, est l'expression même du bâtiment, l'indispensable halo de contact entre lui et nous. Là encore, par une curieuse époque qui tolère bien des abus, est-elle aujourd'hui bannie. Le blanc cassé jaune est notre consensus. "Quand les cathédrales étaient blanches" ? mais elles étaient colorées!
Alors bien sûr comme les couleurs criardes et vives sont dans la ville l'apanage des publicités et des enseignes vulgaires, certains ont cru s'en sortir en se disant qu'ils suffisait de construire des bâtiments gris ou monochromes pour s'éloigner de cette grossièreté. Mais ce ne sont là que les deux faces d'une même pièce : bavarder ou se taire, c'est toujours ne rien dire. En réalité, la couleur apporte une vibration à votre projet que rien d'autre ne pourra lui donner.
Elle est sa vie même, et plus encore, celle de l'âme de l'architecte. Par elle, sommes-nous renseigné très sûrement si malgré la rigueur de son bâtiment, l'architecte était doux, malgré l'étroitesse de sa réalisation, il était généreux. Négliger la couleur, voilà le vrai crime. Baudelaire n'écrivait pas en noir et blanc.

Préface

A la poésie de l’architecture

Voici un livre proprement extraordinaire, au sens étymologique un livre qui n’a pas de précédent. Malgré certaines apparences techniques, cet ouvrage est de la pensée pure, et la pensée, le « mens » latin, s’y édifie page à page. A travers les divers chapitres qui le constituent et qui peuvent paraître quelquefois autonomes les uns par rapport, les autres y entonnent un hymne continu à la vie, et chantent ses bienfaisants et féconds miracles.

A la poésie de l’architecture, titre à priori énigmatique et inattendu, définit à lui seul un projet et suggère un programme. Il s’inspire de Marcel Proust auquel curieusement l’un des premiers chapitres est en partie consacré, donnant ainsi appui à la démarche des auteurs. A la recherche du temps perdu, en effet, tente de Jean Noël CORDIERreconstruire, à travers le prisme poétique du souvenir une cathédrale intemporelle. A la poésie de l’architecture souhaite retrouver la poésie des édifices matériels. Proust n’avait-il pas écrit :  «  Le monde n’a pas été crée une fois mais autant de fois qu’un artiste original est survenu ? » Sans aucun doute s’agit-il là d’un hommage. Il est inhabituel cependant, d’asseoir architecture et poésie, cette dernière relevant de l’immatériel, la première suggérant au contraire un jeu souvent périlleux sur la matière. En fait, la cohérence est entière puisque le visible n’étant que le reflet de l’invisible, la mise en espace de la matière n’est autre que la projection, la mise en forme de la pensée. « Pittura e cosa mentale » (La peinture est chose mentale), reconnaissait Léonard de Vinci. De sorte que la poésie et l’architecture, autrement dit la pensée et sa réalisation matérielle apparaissent indissociables. Faut-il rapporter que le terme « poésie » provient du grec « poïn » qui signifie « crier », « fabriquer », « façonner » ? Ainsi que tout vrai travail sur la matière, ainsi que tout art véritable, l’architecture est donc une forme de poésie, et l’architecture un créateur qui conçoit et construit.

Cependant, on peut envisager l’architecture selon deux points de vue. Ou bien comme une simple réponse utilitaire aux besoins fondamentaux de la vie, ou bien comme une création pure de l’esprit, en lien cependant avec ces besoins. Et cet art convaincra d’autant plus qu’il joindra « l’utile et l’agréable ». C’est bien entendu dans cette voie que se sont engagés Isabelle Coste et David Orbach. La riche iconographie en témoigne. Pour nos deux architectes, le beau n’est pas un luxe pour nantis, mais bien une nécessité inhérente à la vie. L’utile ne saurait être laid, et l’utile sera d’autant plus pertinent qu’il sera beau. Certes le beau peut coûter cher, mais pas forcément. J’en veux pour preuve cette crèche sans intérêt des années 50 qu’une municipalité se refusait à démolir par souci d’économie, et refaçonnée par nos poètes-architectes en lieu d’accueil aux jeux de l’enfance. Ou encore cette banale villa de Fontenay-aux-roses qui trouve enfin forme et signification.

Isabelle Coste et David Orbach tendent ainsi à s’inscrire dans une histoire, l’histoire des hommes et des choses, notre histoire commune et fraternelle. Contrairement à bon nombre de créateurs contemporains, leur art ne se veut ni rupture, ni gratuite originalité. Si cet art peut surprendre, il ne cherche nullement à choquer. S’inscrivant en faux face à certaines dérives de certains architectes contemporains, sans lien avec la vie, cet art se veut au contraire en prise sur la vraie vie, la vie quotidienne, ce qui ne signifie pas pour autant la banalité. Aussi bien dans leur réhabilitations que dans leurs créations originales, c’est le bien être dans l’espace que visent Isabelle Coste et David Orbach. Leur modernité, incontestable, se manifeste par la réappropriation de symboles immémoriaux tels la sphère et le carré. Ils incitent à porter un nouveau regard sur la couleur. Modernité donc, sans agressivité. Ils font appel à des formes apaisantes, à des images reposantes. Nature et végétation inspirent de vastes et doux panneaux en images numérisées. De larges baies s’ouvrent sur des jardins ingénieusement, mais harmonieusement recomposés. Les sens doivent être n’ont pas étouffés, mais sollicités. Lieu de vie, l’espace ne saurait être lieu d’enfermement égoïste mais bien lieu d’ouverture et de découverte et d’interrogation. Aussi l’espace favorise-t-il un apprentissage permanent, mais structurant où triomphe la lumière.
Résolument moderne, cette architecture ne saurait donc « dater », dans la mesure où elle s’inscrit dans une atemporelle modernité. Elle trouve tout son sens dans la vérité platonicienne. Seul le vrai peut être beau, seul le beau peut être vrai. Rendre intelligibles les mystérieuse correspondances entre la Nature et l’Homme, rendre claires et lisibles les aspirations parfois obscures de la pensée, unir le ciel et la terre, la matière et l’esprit en des lieux de vie, telle est l’harmonieuse exigence d’Isabelle Coste et David Orbach, telles sont la forme et l’expression de la poésie.

Jean-Noël Cordier
Paris, 28 janvier 2011

Données techniques

Isabelle Coste et David Orbach
A la poésie de l’architecture
Essai
Collection Portes
148 pages
Parution courant 2012
18 euros
ISBN : 978-2-919483-05-1


lire un extrait de cet ouvrage au format pdf

l"échappée belle édition         Ecrivez-nous         mentions légales